Lu dans Libé du 12/02/07 : Michel, 35 ans, a été victime d'injure raciale. Et s'est fait virer.
«C'est une collègue qui m'a prévenue : un manager de ma boîte de logiciels informatiques m'aurait traité de "Sale négro". C'était il y a deux ans, elle ne m'avait d'abord rien dit. Mais, en avril dernier, elle a décidé de partir de l'entreprise et a lâché le morceau. J'étais moi aussi manager commercial, embauché dans la multinationale depuis neuf ans. Mes résultats ont toujours été très corrects, mes objectifs toujours dépassés. Je décide d'abord de ne pas faire de vagues, je signale juste à ma direction, par lettre, que j'ai été victime d'injure raciale, sans dénoncer mon collègue.
L'été passe, je reviens de vacances, le service commercial où je travaille a été réorganisé. On m'apprend que mon nouveau supérieur... sera désormais le collègue qui m'a insulté. Je dis immédiatement au service des ressources humaines que c'est impossible, que ça pose, je me souviens de mes mots, "un gros problème de confiance"... Et je demande à la DRH de mener une enquête interne sur l'affaire de l'injure raciale. En fait, l'échange a eu lieu entre deux collègues par messagerie informatique instantanée.
Aucune trace informatique n'est restée. Mais le collègue à qui il a envoyé le message informatique a témoigné de l'insulte devant la DRH. Le collègue raciste a nié avoir tenu de tels propos, mais, chose curieuse, il s'est aussi excusé. Résultat de l'enquête interne, quelques semaines plus tard, j'ai une réunion avec la DRH qui me dit : "Il y a des choses dans le dossier, merci de nous avoir prévenus." En gros : "On va lui tirer l'oreille." "Notre objectif, c'est de te garder", poursuivent-ils... avant d'achever : "Mais on ne voit pas d'autres solutions, il va falloir que tu travailles sous ses ordres."
La suite s'est déroulée par mail. La direction m'a écrit que, dans cette affaire, il y avait "absence de réelle gravité". Que "M. X s'était en outre excusé." Je préviens la direction que je fais appel à un avocat. Et que je refuse toujours le poste. On me répond que j'ai une attitude irresponsable. Puis en novembre, un courrier : devant mon entêtement, un licenciement à mon encontre est envisagé. Ils me demandent de ne pas revenir à mon bureau. Je reviens quand même. "Tu es en insubordination caractérisée, pars tout de suite", me menace-t-on. La DRH me prévient : "Si tu t'obstines, nous ferons appel à un tiers." Je n'ai pas eu envie de quitter l'entreprise entre deux videurs. Les syndicats m'ont dit que c'était déjà arrivé à d'autres ex-salariés. Je suis parti. J'ai été licencié pour faute : refus de poste. J'ai déposé un dossier à la Halde, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations.
Mon entreprise a signé la Charte de la diversité. Vous savez, celle qui engage les sociétés à respecter des principes de non-discrimination...»
1 comment:
why don't you tell what everybody knows ? This happened in a company called Microsoft.
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